Pourquoi ce thème ? La guerre a débuté en Ukraine il y a presque un an. Alors que nous allons commémorer ce triste anniversaire, nous voyons bien que la paix n’est jamais acquise. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre affirmait déjà Spinoza, comme de nombreux penseurs après lui. Quand la guerre finit, c’est souvent le temps de la vengeance. Il semble parfois utopique de croire possible de sortir de cette spirale.  

Quelle responsabilité particulière comme chrétien ? Le Christ nous le rappelle, les artisans de paix seront appelés fils de Dieu (Mt. 5, 9). Construire une paix véritable, fondée sur le pardon, la justice et l’amour, c’est témoigner de notre attachement au Christ et répondre à son commandement : soyez parfait comme votre Père est parfait (Mt. 5, 48).

Devenir artisan de paix n’exclut pas une tension constitutive. Le péché reste une réalité de notre monde. Si le Christ a vaincu le péché, il reste encore bien présent dans le cœur de l’homme. Jalousie et orgueil font le lit de toutes les convoitises. Dès lors, il paraît indispensable de se défendre et de s’armer en vue du pire.

Que dit le Pape François à propos de la guerre ? Il rappelle régulièrement, à l’instar de tous ses prédécesseurs, la nécessité de désarmer les États. Comme il l’écrivait en 2019, il est nécessaire de « faire taire toutes les armes et d’éliminer les causes des conflits par un recours inlassable à la négociation » car « ceux qui font la guerre… oublient l’humanité » (Sommet de Vienne sur l’interdiction des armes nucléaires, 2019). Pire encore, la détention d’armes nucléaires serait, selon le Pape, « immoral ». Un peu plus d’un an plus tard, la guerre éclatait en Ukraine. La paix n’est-elle finalement qu’une belle utopie ?

Les conflits internationaux sont-ils les seules situations problématiques ? Conflits sociaux et familiaux, guerre économique, tensions intestines dans nos organisations, difficile sérénité intérieure, nous rappellent que la paix est un enjeu délicat, qu’elle n’est jamais acquise, qu’elle concerne toutes les dimensions de notre vie.

Mais de quelle paix parle-t-on ? La paix est une idée qui mobilise, qui suscite l’espérance et l’engagement. « Le développement, c’est le nouveau nom de la paix » ( Populorum progressio, 1967), écrivait Paul VI. Pour ce saint Pape, le développement ne peut être simplement économique. Pour être authentique, il doit être intégral et respecter toutes les dimensions de la personne : physique, intellectuelle, morale et spirituelle. Dès lors, peut-on penser des relations internationales, une économie, une société, une vie, qui honorent pleinement notre humanité, dans toutes ses dimensions ?

Évoluer dans une société réellement harmonieuse, grandir dans une famille unie, vivre une intériorité apaisée est le désir de tout personne.  

Pourquoi la paix a-t-elle un prix ? Vivre en paix est un désir profond de l’être humain. Mais notre vie tangue entre désir de non-violence et réalisme guerrier. Si la paix est un bien précieux qui nécessite détermination, courage, persévérance, créativité et humilité, elle nous interpelle au quotidien tant son exigence est élevée.

Construire la paix demande des sacrifices. Oui, la paix a un prix. : celui de notre vie.

Alors comment faire ? Répondre à cette exigence de paix demande de s’arrêter, de réfléchir et de prier ensemble pour devenir artisan d’une paix authentique et durable. C’est ce que nous vous proposons lors du prochain forum Zachée, du 18 au 21 mai 2023, à Paray-le-Monial.

Vouloir sincèrement construire la paix nécessite de reconsidérer de nombreuses dimensions de nos vies et de nos sociétés : quelle place pour les institutions militaires ? Quelle éducation mettre en place ? Quel rôle jouer dans les conflits.